Trois Cantons aux allures de Chefferies de 2ème degré sont assis sur des richesses minières. Des explorations sont faites sur les Cantons de Bidzar1, Bidzar 2 et Biou. Les explorateurs sont à recherches des minerais tels que le cuivre, l’or, l’uranium, le calcaire et le marbre.
Les Lamidats de Bidzar 1, Bidzar 2 et Biou (chefferies de 2ème degré) sont situés dans l’arrondissement de Figuil, Département du Mayo Louti et Région du Nord. Sur le plan géographique, ils sont entre 14° et 14°15’ de latitude Est et 9°45’ et 10° de longitude Nord.
La carte 1 présente la localisation des trois lamidats par rapport au Nord Cameroun et les gros villages constitutifs de ces unités traditionnelles.
Carte 1. Localisation des villages et quartiers dans les trois lamidats
La carte ne présente que les villages et quartiers des trois lamidats. Le tableau II présente de manière distincte les villages des trois lamidats. Le lamidat de Biou est constitué de 10 villages, celui de Bidzar 1 de 07 villages et celui de Bidzar 2 de 13 villages (Tableau II).
Tableau I. Les villages constitutifs des différents cantons
Lamidats |
Villages constitutifs |
BIOU |
Biou Centre, Douala-Biou, Madakamna Biou, Kaptalam Biou, Wayéba Biou, Golomo Biou, Mourkoufou Biou, Diktingué Biou, Mokoto Biou, Djabé Biou |
BIDZAR 1 |
Bidoum, Padagar I, Douknoukou, Guéguekdé, Douala-Bidzar, Mariariaké, Indjodé |
BIDZAR 2 |
Guilim, Unitili, Padagar II, Gada-Mayo, Ouro Boubi, Bawaka, Guizaï, Masanga, Péfé, Kapta-moré, Guéiémé, Bergui |
La présentation des lamidats commence par la mise en évidence du milieu physique et de ses potentialités naturelles.
I. Milieu physique : potentialités naturelles et contraintes
Dans le cadre du milieu naturel, seront présentés le climat, les types de sols, le relief, la végétation, l’hydrographie et les ressources qui s’y trouvent.
I.1 Le climat
Le climat dans les lamidats de Bidzar 1, Bidzar 2 et Biou est de type soudano sahélien, caractérisé par des températures plus élevées que dans le climat équatorial avec les amplitudes thermiques plus grandes : 26,3°C en décembre contre 38,5°C en avril. La température moyenne est de 28°C. On note dans cette région deux saisons :
- Une longue saison sèche qui dure 7 mois (Novembre – Mai) ;
- Une courte saison pluvieuse qui dure 5 mois (fin Mai – Octobre).
La pluviométrie se situe entre 600 et 900 mm d’eau par an et il pleut en moyenne 51 jours. La zone connaît deux types de vents :
- L’harmattan : C’est un vent froid et sec qui souffle vers les derniers mois de l’année (Octobre, Novembre, Décembre).
- L’Alizé « vent des pluies » : connu sous cette appellation par les paysans, souffle du Sud vers le Nord.
Selon les données climatiques, la zone d’étude connaît quatre grands risques climatiques entraînant des problèmes agronomiques : i) une très grande variabilité de la pluviométrie dans l'espace et dans le temps ; ii) une agressivité des pluies et des problèmes d'érosion ; iii) une mauvaise répartition annuelle de la pluviométrie avec des « trous » pouvant intervenir en juin, juillet ou août et impliquant des stress hydriques ; iv) un risque d'arrêt précoce des pluies dans la 3è décade de septembre, entraînant un non bouclage du cycle des cultures semées tardivement. Les variables « début de la saison de pluie » et « début effectif de la saison de culture » illustrent les problèmes de mise en place des cultures qui se posent aux paysans de ces zones. Pour le poste de Bidzar, la première pluie arrive ainsi pendant la première décade de mai, mais la première pluie utile (celle qui permet de semer avec sécurité ou de labourer) n’arrive qu’à la troisième décade de juin ! Semer dès les premières pluies sans attendre le début effectif de la saison de culture expose les paysans à ce que les semis échouent et soient à reprendre.
I.2 Sols
On rencontre six grands types de sol dans les trois Lamidats (carte 2).
Carte 2. Types de sols dans les lamidats de Bidzar 1, 2 et Biou
Chaque type de sols a des caractéristiques et des potentialités spécifiques ainsi que des contraintes :
- Les sols argileux : Ce sont des sols riches en argile qui présentent des failles lors du retrait des eaux et gonflent en présence d’eau. Ces sols ont un aspect noir et sont généralement adaptés à la culture du sorgho (muskuwaari) ;
- Les sols halomorphes qui sont des sols lessivés, pauvres et inadaptés aux cultures ;
- Les sols hydromorphes : Ce sont des sols limoneux sableux parsemés de petites collines propices pour la culture maraîchère. On les rencontre à Badadji, Golomo Biou et Bafouni ;
- Les sols gravillonnaires avec des petits gravillons, des affleurements rocheux et des couvertures granitiques. Ils sont présents à Biou ;
- Les sols sablo-argileux : Ces sols se rencontrent plus vers les bas-fonds, c’est-à-dire à mi-chemin entre les plateaux et les bas-fonds. C’est pourquoi ils sont parfois engorgés d’eau une partie de l’année. Le faible taux d’argile accroit leur potentialité agricole.
- Les sols argilo-sableux : La teneur en argile s’accroit et l’engorgement est limité. Ces sols de bonne texture sont les meilleurs dans la zone car ils sont favorables à toutes les cultures.
Depuis plus de vingt ans, certaines interrogations ont surgi, et notamment une inquiétude forte quant à l’évolution de la fertilité des sols cultivés dans la zone d’extraction des minerais de Bidzar et Biou. Une baisse régulière des rendements, observée notamment sur coton, culture dont les statistiques sont régulièrement recueillies, semble une réalité, qui est d’ailleurs probable sur d’autres cultures. Parallèlement, la pression sur les sols dans la zone, liée à une forte démographie et à l’absence d’activités de substitution à l’agriculture, s’avère toujours plus importante. Les pratiques traditionnelles de reconstitution des sols, comme la jachère, sont progressivement abandonnées. En effet, les 2 années de jachère devant précéder la sole coton ont pratiquement disparu de la rotation qui s’est réduite aux formules coton-sorgho-coton, coton-maïs-coton ou coton-arachide-coton.
Dans cette zone, les sols ferrugineux tropicaux ont une fertilité chimique et physique intrinsèque limitée. Leur teneur réduite en argile en surface, leur faible taux de matière organique et d’azote, leur capacité de rétention d’eau limitée et leur pH légèrement acide les rendent sensibles à l’érosion. Les recherches de Baboulé et al., (1993) a noté depuis les années 1990, une acidification des sols, une baisse du taux de la matière organique, une baisse de la capacité d’échange cationique et de nombreuses poches d’érosion. En outre, l’apport et l’enfouissement de la matière organique dans les champs sont restés faibles du fait de la non-possession par les producteurs du combiné d’équipement recommandé au départ.
D’autres facteurs, nombreux, ne laissent pas d’inquiéter et concourent à une dégradation générale de l’environnement dans la zone de Bidzar et Biou, et plus particulièrement des sols : les feux de brousse répétés, la déforestation massive, souvent à blanc par les sociétés extractives notamment ROCCAGLIA, les installations spontanées et importantes de migrants dans la zone comme nous l’avons constaté encore récemment sur le route bitumé Bidzar-Guider, la mise en culture de terres gagnées sur la brousse sans respect d’un minimum de règles nécessaires à une exploitation durable, la course à la terre, la dilution des intrants, la consommation des résidus de culture par le bétail, etc. Les vulgarisateurs prennent conscience des phénomènes de ruissellement et de départ de terre au niveau des champs, en particulier sur les grandes parcelles travaillées en motorisation, et la recherche attire déjà leur attention sur la liaison forte qui existe entre la dégradation de la fertilité et le développement de l’érosion.
I.3 Le relief
Le relief est quasiment plat accidenté par endroit et parsemé de petites collines. Dans les trois lamidats, le relief alterne des zones de plateaux, vallées, et plaines alluviales inondables, chaînes de montagnes. Le relief est très accidenté au Sud et se caractérise au Nord par des plaines entourées des montagnes.
Dans la région allant de Douala Biou à Madakamna, le sol est rouge, latéritique et gris argileux ; ceci à l’entrée de Douala Biou sur environ 800 mètres. Cette partie de la zone est très pauvre, et la végétation composée de steppe. Les agriculteurs de cette zone utilisent des fertilisants pour les cultures de maïs, de mil, de coton et des arachides. A partir de 1 200 mètres, on observe un changement dans la texture du sol. Celui-ci est noir et pierreux ou noir et argileux (à partir de 2 000 mètres). La végétation est composée de savane ou de steppe arbustive. Ce type de sol est propice à l’agriculture. On y cultive le maïs, le mil, le coton et l’arachide. Les principaux problèmes rencontrés ici sont des éboulements de terrains entre 2 800 et 3 300 mètres ; ce qui rend la circulation impossible en saison de pluies. Pour y remédier, les populations implante des haies vives afin d’empêcher les éboulements.
De la place de danse de Douala Biou à Biou centre, on a un sol alternant entre le gris, le gris caillouteux et le sableux (de 0 à 600 mètres). On est ici dans des zones de cultures, d’habitation et de passage du bétail. La végétation est constituée de steppe et de petites forêts. Les sols sont pauvres et les populations y cultivent du maïs, du coton, des arachides. Le mil est cultivé à partir de 600 mètres. On propose ici de renforcer le cordon pierreux pour limiter le lessivage du sol et l’action de l’érosion. De 800 à 1 400 mètres, on a un sol argileux, peu fertile, recouvert d’une petite forêt constituant une zone de pâturage (800 mètres) et d’une steppe. On y cultive du coton, du mil, des arachides, du maïs sauf dans la zone de pâturage. A partir de 1800 mètres, le sol est noir jusqu’à la chefferie où il est gris. Il est recouvert d’une steppe et d’une petite forêt. Le sol est fertile et on y produit du maïs, du mil et du coton. Pour accroître leur production, les agriculteurs utilisent des engrais, du fumier, de l’urée et se proposent de renforcer l’utilisation de ces matières ainsi que le cordon pierreux.
I.4 Hydrographie
L’hydrographie est limitée en ce qui concerne les eaux permanentes. En dehors du mayo louti au Nord des Lamidats, on retrouve des cours d’eau saisonnier avec un débit faible (carte 3).
Carte 3. Réseau hydrographique dans les trois lamidats
Tous ces cours d’eau saisonnier permettent l’abreuvement des animaux et dans une moindre mesure la pratique du maraîchage juste en fin de saison des pluies. Ils sont également des réservoirs de sable exploité pour les constructions.
I.5 Végétation
Les trois lamidats sont recouverts d’une végétation à plusieurs variantes, dont les principaux sont : i) La savane arborée/arbustive et steppe ; ii) La savane forestière ; iii) Les plaines inondables ou marécage ; iv) La savane herbacée. Le tableau III montre les types de forêts rencontrées et les espèces végétales présentes.
Tableau II. Types de végétations rencontrées
Types de forêt |
Localisation |
Composition |
Savane arbustive |
Zone de forêt |
Accacia albida ; Accacia ataxacumtha Balanitesaegyptiaca ; Anogeissus leiocarpus |
Savane herbeuse |
Zone de polyculture |
Annona senegalensis ; Bauhinia réticulata ; Ziziphus mauritiana ; Penaisetum Andropogon |
Savane Arborée |
Long des mayos |
Fucus sp ; Khaya senegalensis ; Prospis africa ; Anogeisus leiocarpus |
Steppe |
Collines et montagne |
Ficus sp ; Tamarindus indica ; Sécuridaca Ziziphus sp |
La carte 4 présente les grandes unités végétales présentes dans les trois lamidats.
Carte 4. Les grandes unités végétales dans les trois lamidats
Des difficultés de préservation des forêts et des faunes sont signalées par les populations riveraines et les gestionnaires des zones protégées notamment la coupe anarchique du bois, la destruction de la biodiversité et le manque d’action de reboisement. En conséquence, nous avons la disparition du couvert végétal, le changement climatique, l’avancée du désert, la disparition des espèces fauniques, la désertification, l’effet néfaste du désert et la perte des moyens de production.
I.6 La faune
La faune n’est pas très diversifiée. Le tableau IV reprend les principales espèces fauniques rencontrées dans les lamidats et leurs caractéristiques.
Tableau III. Les espèces fauniques rencontrées
Espèces fauniques |
Types (terrestre/aérienne) |
Menacées/envoie de disparition |
Sangliers |
Terrestre |
En voie de disparition |
Pintades |
Aériens |
Menacées |
Perdrix |
Terrestre |
Menacée |
Du fait de la déforestation et du surpâturage, les espèces fauniques sont soit en voie de disparition, soit menacées de disparition malgré un effort de délimitation des espaces protégés. En effet, à partir des périodes des indépendances, la fréquence des disettes et le déficit alimentaire sont autant de raisons qui ont poussé la population locale à compléter les rations alimentaires par de la viande de brousse. La démographie galopante, conjuguée aux contraintes naturelles (raretés des pluies) ont longtemps constitués une menace pour les espèces fauniques. La faune sauvage a fortement subi ces différentes pressions. C’est ce qui fait que, les gibiers tels que les grandes antilopes, les gazelles, les phacochères ont pratiquement disparus. Aucun effort de restauration de la population animale n’a été entamé. Tout au contraire, le petit gibier tels que les lièvres, les rats sont constamment prisés. Cependant, les animaux sauvages sont exposés à un braconnage extensif.
I.7 Contraintes du milieu physique
Le milieu physique dans les trois lamidats est soumis à un ensemble de contraintes et de problèmes qui menace sa pérennité et le déploiement des activités économiques primaires et la paix sociale entre les populations riveraines entre-elles et les autres acteurs en présence (éleveurs transhumants, exploitants de bois et les industries extractives…). Le tableau V présente les problèmes rencontrés dans les différentes unités de ressources ou zones. Toutes les zones répertoriées rencontrent de multiples problèmes à l’origine de nombreux conflits.
Tableau IV. Problèmes et sources de conflits selon les zones et cadre de règlement
Zones |
Problèmes |
Sources de conflits |
Cadre de règlement des conflits |
Zone de pâturage |
Faible productivité des zones de pâturages |
Divagation des bêtes et non-respect des zones de pâturage |
Autorité traditionnelle, Administrative, et les services déconcentrés de l’Etat |
Zone de polyculture |
Baisse de la production agricole |
Conflits agropastoraux |
Autorité traditionnelle, Administrative, et les services déconcentrés de l’Etat |
Zone de forêt |
Destruction de la forêt |
Coupe abusive du bois par la société ROCCA |
MINFOF MINEEP Autorité traditionnelle |
Zone de carrière |
Faible productivité des zones de prélèvement des marbres |
Non-respect des engagements |
Autorité traditionnelle et Etat |
Zone de montagne |
Destructions des écosystèmes des zones de montagne |
Pratiques anarchiques pour l’exploitation de la montagne |
Autorité traditionnelle |
Zone de bas fond, de marres et de mayo |
Faible productivité des alentours des mayos Baisse des rendements des zones de bas-fonds Faible rentabilité des marres |
Conflits entre les agriculteurs et les éleveurs pour l’accès et l’exploitation de ces zones |
Autorité traditionnelle, MINADER et MINEPIA |
Source : Enquêtes de terrain, juillet 2013
Les différents acteurs en présence exercent chacun une pression forte sur les différentes zones engendrant sa dégradation par endroit progressive et ailleurs accélérée.
II. Milieu humain : installation de la population et organisation sociale
Les populations se sont installées de progressivement dans la zone autour des Guidars qui sont les premiers habitants dans la plupart des villages.
II.1 Historique du peuplement des principaux villages
Le village de Biou centre fut créé autour de 1700 ; il avait pour nom « Buu » devenu BIOU aujourd’hui qui signifie : « Se détacher comme une flèche du grand groupe ethnique ». Les populations venaient du Soudan en passant par le Tchad.
Les premiers habitants étaient les Guidars du clan Momzokoyo, forgerons de profession, et du clan Mambaya appartenant à la classe des chefs. Le village est actuellement occupé par : les Guidars à 70%, les Moundangs à 15% et les Peulhs à 15%. Il compte au total 951 personnes réparties dans 09 quartiers. Le village a connu onze chefs dont le premier fut Zoutomne. Ses successeurs furent Gofe, Mbele, Keverde, Paria, Rouhou, Malaï, Dindaou, Korio et Alloua Warlako Hamadou. L’actuel chef est Hayatou Warlako qui dirige la communauté depuis 1987.
Des entretiens avec les anciens, il ressort plusieurs évènements qui ont marqués le village :
- Les razzias de 1930 à 1960 par les peulhs qui enlevèrent des gens du village pour des fins d’esclavage ;
- Les guerres inter ethniques de 1931 à 1961 ;
- La colonisation ;
- Les 1ère et 2ème Guerre Mondiale ;
- L’entrée des religions monothéistes : le christianisme en 1964, et l’islam en 1970 ainsi que l’exploitation des ressources minières et humaines par la société Roccaglia vers les années 1940.
Biou Centre est limité au Nord par le village de Bidzar, à l’Est par la République du Tchad, à l’Ouest par le village Douala-Biou et au Sud par le village de Golomo.
Le village de Madakamna fut créé en 1952. Le premier habitant était Poutou, qui fut rejoint un an plus tard, par Rouganga son frère. Le village s’élargit par les fils et petits-fils de ces derniers. Le premier chef Poutou eu pour successeur Ngoyong qui, à sa mort fut remplacé par le présent Monglo Poutou. La transmission du pouvoir est essentiellement patrilinéaire.
Le village est limité au Nord par Douala-Bidzar, au Sud par Wahébah et Kaptalam, à l’Est par Douala-Biou et à l’Ouest par Indjodé. Le village compte une école primaire créée en 2001, une église catholique, un poste agricole créé en 1998.
Certains évènements marqueront ce village particulièrement un conflit frontalier avec les populations de Douala-Bidzar.
Le village de Wahébah : Ce nom signifie littéralement « la fertilité du sol les appellera ». Le village fut fondé en 1970 par le nommé Iwaïba. Il est limité à l’Est par Kaptalam, à l’Ouest par Indjodé, au Nord par Doundehi (Madakamna), au Sud par Kering. Il existe une école des parents, une chapelle et une mosquée.
Le village de Douala-Biou quant à lui a été créé en 1960 et le premier habitant se nommait Ngamoul. Il tient son nom du mot guidar « Ndao-oula » qui signifie « je vais voir ». Le village est limité au Nord par Madakamna, au Sud par Golomo, à l’Est par Biou et à l’Ouest par Kaptalam.
Le village Indjodé a été créé par un guidar au nom de Sarki Fada. C’est lui qui était Lawane de la localité. Il régna de 1955 à 1972, à sa mort, son fils Moussa Sarki FADA le succéda et règne de 1972 à nos jours. Juste après l’indépendance, précisément en 1963, une épidémie de rougeole envahit le village, beaucoup décédèrent mais grâce à l’intervention du centre de santé de Bidzar, la maladie fut éradiquée. L’école à cycle complet de Indjodé a été créée en 1985 et compte 03 salles de classe pour un effectif 380 élèves encadrés par 02 instituteurs titulaires et 01 instituteur vacataire.
Le village Guérémé a été créé avant les indépendances. Le premier occupant fut un guidar du nom de Tizi Warassa qui venait de Djougui. C’est dans le souci d’étendre la surface de ses plantations, qu’il s’installe dans la région. Beaucoup d’autres personnes l’ont suivie, attirée par ces vastes étendues de terres. Pendant ses travaux champêtres, Tizi a rencontré beaucoup d’arbres épineux appelés en langue guidar « Guereme » d’où le nom Guérémé, attribué au village. Il régna de 1952 à 1982, à sa mort, son fils Zourmba Tizi lui succéda et règne jusqu’ à nos jours. L’école de Guérémé a été créée en 1989 par le comité de développement de Bidzar et reconnue officiellement en 2002. Elle est une école à cycle complet construite sur un bâtiment à deux salles de classe et un bâtiment à une salle de classe pour un effectif de 122 élèves encadrés par un enseignant titulaire et deux instituteurs vacataires.
Le village Mariariakeu tient du nom d’un arbre épineux qui se trouve dans la région. Son premier occupant fut Djaouro Marou venu à la recherche des terres cultivables. Il était originaire de Bidzar. Le village fut fondé vers les années 1940. Le chef Marou à sa mort fut succédé par son fils Haman Patrick qui est au trône depuis 1992. La population est à plus de 90% guidar on y retrouve aussi des guiziga et des zoulgo. La religion chrétienne domine dans la région et est suivie de l’animisme. L’activité principale est l’agriculture. Le village a connu la menace de la grande famine de 1985. De nos jours, c’est le conflit agropastoral qui domine la scène.
Douala Bidzar vient du fait que certaines personnes en provenance de la capitale économique du pays (Douala) s’y sont reposées. Ces visiteurs étaient venus évangéliser la population. Le premier habitant du village fut Wadjiri Toumba qui sera remplacé à sa mort par son fils Niguissicka, celui-ci sera remplacé par Gouno qui sera remplacé par Damba, qui à son tour sera remplacé par Monglo Yabe qui sera succédé par Bouba Bernard qui est au trône depuis 2002. Le village a pour principale activité l’agriculture. La famine de 1985 s’est abattue sur ce village. La population est à 100% guidar. Le village est limité à l’Est par Bidzar, à l’Ouest par Indjodé, au Nord par Douknoukou et au Sud par Madakamna et Biou. Le village possède du marbre qui est exploité par la société Rocca.
Golomo vient du nom d’un arbre épineux en langue locale ; le village fut créé vers 1947 par le Lawane Toumba Baleri de Biou à la recherche des terres fertiles. Après 32 ans de règne, fatigué par l’âge, il cède le pouvoir à son fils Zourmba Toumba en 1979. Le Lawanat de Golomo regroupait trois villages à savoir : Golomo, Mourkoufo et Dictingué. Dans le souci de mieux administrer sa population, l’Etat a divisé en 2005 le Lawanat de Golomo en trois Lawanats :
- Le Lawanat de Golomo avec pour Lawane Zourmba Toumba ;
- Le Lawanat de Mourkoufo avec pour Lawane Siddi Bouba ;
- Le Lawanat de Dictingué avec pour Lawane Damba Vondou.
Quelques repères chronologiques qui ont marqué le village :
- 1948 : Travaux forcés pour la réhabilitation de la route nationale ;
- 1962 : L’introduction de l’islam par l’Imam Bouhary ;
- 1965 : L’introduction du christianisme par le père Beuve.
Les maladies endémiques qui ont menacé le village :
- la variole appelée dans la langue locale le Momdoc
- la rougeole appelée dans la langue locale le Zitoro
- la syphilis appelée dans la langue locale Mawagne.
- En 1968, une grande famine a menacé le village. En effet, les chenilles appelées en langue locale Deberzedeki ont dévasté les jeunes plantes sans oublier les dégâts causés par les criquets appelés en langue locale Zaraï. La population a survécu grâce aux fruits et racines des arbres.
- En 1985, les précipitations étaient faibles ce qui a provoqué une baisse de rendement agricole et cela a eu pour conséquence la famine. L’Etat est intervenu en octroyant des vivres à la population.
- En 1994, il y a eu une grande inondation dans le village, les maisons et les champs ont été détruits une fois de plus l’Etat est venu au secours de la population en octroyant du riz et du mil.
II.2 Taille et structure de la population
La démographie galopante enregistrée dans cet espace est à l’instar des autres régions du pays le reflet d’une forte natalité qui, par ailleurs découle de la polygamie inscrite dans les mœurs. Il présente une disparité dans la taille de sa population. C’est ainsi que les femmes occupent près de 60% et à côté l’on note une proportion très juvénile par ailleurs. Le tableau VI montre la répartition de la population dans quelques villages de trois lamidats.
Tableau V. Répartition de la population dans les gros villages
Villages |
Hommes |
Femmes |
Total |
Biou Centre |
350 |
618 |
968 |
Douala-Biou |
700 |
800 |
1500 |
Madakamna Biou |
271 |
427 |
698 |
Wayéba Biou |
120 |
280 |
400 |
Mariariaké |
100 |
125 |
225 |
Indjodé |
400 |
685 |
1 085 |
Guérémé |
511 |
272 |
783 |
Source : Délégation Minepatd de Guider 2009
II.3 Groupes ethniques et relations inter-ethniques
Les groupes ethniques sont en majorité des Guidars (Mambaya, Bidzar, Namilya, Momzokayo, Mousgombor, Mousmendjil). Ces peuples cohabitent de manière harmonieuse avec d’autres peuples minoritaires à savoir les Moundang, les foulbé, les Mbororo, les Fali, les Toupouri, les Sara, les Geumdjeck, les Guiziga, les Zoulgo, les Mada…
II.4 Organisation sociale, politique et religieuse
Dans les villages qui forment les trois lamidats, l’organisation sociale est féodale : A la tête de chaque village, on retrouve un chef du village appelé Lawane qui rend compte au Laamii’do. Les populations sont pour la plus part pauvres. La conception du riche est très différente de celle que l’on retrouve en milieu urbain. Une personne est jugée riche dans cette communauté lorsqu’elle possède une moto, un grand troupeau de bœufs, de grandes plantations, une maison avec une toiture en tôle. Les langues parlées sont le guidar, le foufouldé, le moundang, le guiziga, le sara et le français. Les religions pratiquées sont l’islam, le christianisme et l’animisme. Le niveau d’instruction de la population est moyen on y retrouve des certifiés, des brevetés, des bacheliers et des licenciés avec une prédominance des certifiés. L’analphabétisme est à forte tendance féminine et peulh.
Les différentes communautés présentes dans les lamidats sont organisées autour des structures hiérarchisées à savoir le lamidat, les lawanats (chefs d’un ensemble de village) et les Djaoro (Chefs de quartiers) à côté, on rencontre des notables, les chefs de culte, les chefs de terre (Mousdoulva) et les princes.
En plus d’être un auxiliaire de l’administration publique, l’autorité traditionnelle a entre autres pour mission de gérer des conflits agro-pastoraux, fonciers, de distribuer des terres et de nommer les chefs de villages (Djaoro). Les Lamibé et les Djaoros sont assistés par un conseil de notables (gouvernement traditionnel composé de plusieurs ministres appelé ici fada).
II.5 L’habitat
L’habitat est de type traditionnel dispersé avec des cases construites à 80% en matériaux provisoires avec une densité faible. La carte 5 présente la répartition de l’habitat entre concessions en terre battue avec toit de chaume et les concessions où on rencontre au moins une maison avec un toit en tôle, mais en terre battue.
Les observations sur le terrain montrent que la majorité des concessions sont construite en matériaux locaux provisoires et précaires. Ce qui oblige les populations à refaire les murs et les toits régulièrement. Ce qui met la pression sur les ressources ligneuses et herbacées déjà rares dans cette zone.
A cause du manque d’espace, il n’existe pas de cimetière formel dans les différents villages. Chacun famille enterrent leurs morts dans leur concession ou dans leurs champs derrière la concession.
II.6 Système foncier
La gestion foncière est organisée autour des autorités traditionnelles, mais les modes d’acquisition des terres sont diversifiés. Nous avons les achats, la location, l’héritage, les dons et legs.
Cependant, la croissance naturelle de la population dans les différents cantons est un facteur de poids dans la pression sur les ressources foncières qui commencent à manquer pour tous les membres de certaines familles obligés de rester au village. Il s’ensuit un émiettement des parcelles entre les fils et petits-fils d’une famille réalisé de manière plus ou moins pacifique et pouvant entrainer des conflits. De plus, la baisse de la fertilité des terres amène de nombreuses personnes à quitter les villages pour des zones encore plus incertaines. Par ailleurs, la présence dans certains cantons de migrants est un autre facteur d’insécurité foncière pour ces derniers. En effet, la situation foncière des immigrants dépend de la disponibilité en terres, importante le plus souvent dans les années cinquante ou soixante, mais qui s'amenuise dans les zones les plus peuplées ; elle dépend aussi de la personnalité du chef... Celui-ci peut laisser toute liberté à des allogènes de s'installer dans un secteur qu'il met à leur disposition quelle que soit leur religion. C’est le cas dans les trois lamidats.
II.7 Phénomènes migratoires
Les trois lamidats offrent peu de perspectives d’emploi régulier et toute l’année pour la population. Les entreprises de CIMENCAM et de ROCCA ne recrutent que quelques personnes dans les usines et dans les carrières même localisées dans les villages. C’est pour cela que de nombreux jeunes préfèrent aller dans les grandes villes proches (Guider, Figuil, Maroua, Garoua, Ngaoundéré) ou lointaines (Mbandjock, Koteng, Yaoundé, Douala…) où ils exercent dans diverses activités précaires (moto-taxi, vendeurs ambulants, porteurs, gérants de bar, gardiens de nuit…).
De nombreuses personnes, à cause du manque d’espace de culture, migrent vers le bassin de la Bénoué à la recherche de terres cultivables : Ngong, Mayo Sala, Touroua, Touboro, Sanguéré Paul, Sanguéré Ngal, Djéfatou, Bocklé…
II.8 Les populations vulnérables
Les inégalités sociales ont favorisé la catégorisation d’une couche sociale dite vulnérables. Celle-ci se trouve à la marge des activités de production et d’accès aux ressources. Il s’agit particulièrement des jeunes désœuvrés, pour lesquels l’accès aux moyens de production reste quasi impossible. D’autres, les femmes, les veuves et les orphelins surpris par le décès précoce du chef de ménage se retrouvent dans une précarité qui affecte lourdement leurs conditions d’existence. Il en est de même des personnes handicapées, notamment, les handicapés moteurs, sans prise en charge sociale, se retrouvent à la merci du système d’entraide que la société africaine semble de nos jours renier. Cette couche de la société est en croissance au fur et à mesure qu’évolue une économie de marché, au détriment d’une économie traditionnelle soutenue par la notion d’entraide.
Les femmes constituent la majorité des populations vulnérables à cause notamment du manque d’assistance, leur non-participation aux affaires du village, l’analphabétisme et les mariages précoces. En conséquence, nous assistons au non épanouissement de la femme, l’ignorance, retard au développement, la prostitution, le VIH/SIDA. De manière générale, dans les villages, les femmes participent activement aux activités agricoles, pastorales, mais avec un accès limité au foncier. Dans les villages comme Bidzar, Biou, Indjodé, les femmes, à travers leurs associations, participent aux activités génératrices de revenus comme l’agriculture, l’élevage et le commerce. Elles investissent également dans le social en participant au financement d’infrastructures (scolaires, sanitaires, adduction d’eau), l’habitation, la scolarisation (fournitures scolaires, tenues de classe)… Les associations de femmes dans les villages se financent à travers les cotisations, les tontines ou les dons faits par des membres bienfaiteurs. Les sources externes proviennent des appuis apportés par l’Etat, les élites, les coopérations. Cependant, il s’impose un accompagnement de leurs initiatives par des appuis financiers et techniques adéquats (création et multiplication des activités génératrices de revenus, organisation et structuration des femmes en coopératives, formations…).
En ce qui concerne les jeunes, ils éprouvent des difficultés d’accès à l’épanouissement notamment à cause du manque de centre d’animation, d’aires de jeux non aménagés, la manque d’animation de la jeunesse, les conflits lors des tournois de vacances et la manque d’organisation des jeunes. Comme conséquence, nous assistons au non achèvement des tournois des jeunes, des divisions, le dépeuplement du village, la perte des forces productives, l’oisiveté, la difficulté d’orienter les jeunes et l’incivisme. Par ailleurs, des difficultés d’accès à l’emploi et la formation professionnelle sont également signalées à cause notamment du manque de structure de formation professionnelle, du nombre élevé des jeunes sans emploi, de l’exode rural. En conséquence, nous assistons au chômage des jeunes, au banditisme et prostitution, au découragement, au manque de formation des jeunes et au manque d’emploi. En dehors de ceux qui sont scolarisés, les jeunes des villages des trois cantons exercent dans de petites activités informelles (mototaxi, petit commerce, call box, manœuvres…). Ils manquent d’organisation formelle pouvant leur permettre de bénéficier de divers appuis (financements, formation, encadrement…) et de s’épanouir. Il s’impose la nécessité de création et d’ouverture des centres de loisirs et de formation (maison de jeune et centre multimédia), mais aussi de les encadrer à travers l’organisation et la redynamisation du tissu associatif d’une part et l’organisation des loisirs sains et éducatifs d’autre part.
Les autres populations vulnérables sont constituées des enfants de la rue, principalement dans les gros villages (Biou centre, Bidzar, Indjodé…). Ils vivent sur la place du marché où ils y sont employés dans la plonge auprès des tenancières des restaurants de fortune. Ils sont également employés par les bouchés qui leur fournissent les pitances journalières.
De manière générale, des difficultés de prise en charge des personnes vulnérables sont signalées : non prise en charges, manque des structures d’accueil et d’appui. En conséquence, nous assistons au délaissement des personnes vulnérables, à la misère et la souffrance, au manque de formation, à des difficultés de développer l’auto-emploi, à la marginalisation de la femme et son non épanouissement.
III. Activités économiques : prédominance du secteur primaire
Les activités économiques sont variées et diversifiées. Les plus dominantes sont entre autres l’agriculture, l’élevage, le petit commerce.
III.1 L’agriculture
Elle constitue l’activité principale des populations. Cette activité est basée essentiellement sur les cultures vivrières telles que : le maïs, le sorgho, les légumineuses, les tubercules. En plus des cultures vivrières, il y a la culture de rente qui est le coton avec l’encadrement de la Sodécoton à travers le Secteur de Bidzar. Les cultures vivrières (arachides, mil rouge, maïs…) sont pratiquées par les femmes qui assistent également leurs époux dans les cultures destinées à la vente (coton, arachides, oignon…).
Pour accomplir ces travaux, les hommes utilisent des charrues attelées à des ânes, des pousse-pousse, des faucilles, des haches. Les femmes effectuent ces travaux, munies des houes, des plantoirs, des faucilles, et des coupe-coupe.
Les cultures se font selon un calendrier agricole bien établi :
- Du mois d’avril à juillet, c’est la préparation des terres ;
- De mai à juin - juillet, opération de cultures ;
- De mai à septembre, épandage d’engrais et travaux d’entretien ;
- Dès le mois de septembre on récolte les arachides, le sorgho ;
- Mois d’octobre à décembre on récolte du maïs, du coton, des oignons ;
- Mois de novembre c’est la récolte du riz et du fonio ;
- En décembre c’est la récolte de la patate douce ;
- En janvier, on récolte la patate et le coton.
Le calendrier saisonnier établi par les hommes, les femmes et les jeunes situe la période agricole donc entre les mois d’avril à janvier. A ce moment, l’activité agricole est très intense. Le temps de travail des hommes, des jeunes et des femmes en période de labour et de semis est de 8 heures par jour. Les femmes ont en plus les tâches ménagères, ce qui crée une surcharge de travail à leur niveau, et un manque de temps libre.
La grande menace qui pèse sur les populations est celle des inondations, surtout aux mois de d’août et de septembre, durant lesquels les pluies sont au maximum. Une autre menace provient de l’invasion des insectes (criquets), qui dévastent les cultures.
En saison sèche, l’activité agricole est moins intense, elle correspond à la période des récoltes, des ventes et la préparation des sols pour les prochaines semailles. Cette période va d’octobre à avril, selon les calendriers saisonniers des différents groupes. La préparation des sols et les récoltes sont l’œuvre des femmes et des hommes qui y consacrent 3 heures pour la première activité, et environs 10 heures de leur temps par jour pour les récoltent. Les disponibilités alimentaires et financières sont abondantes, avec les récoltes et les ventes des produits agricoles. La principale crainte en cette saison est la recrudescence de la méningite, souvent aggravée par la sècheresse.
Les produits des récoltes sont vendus dans les différents marchés hebdomadaires ou dans les grands centres de consommation urbains (Figuil Guider, Garoua…).
L’encadrement technique des producteurs est assuré par les Services déconcentrés du MINADER (poste agricole et la délégation d’arrondissement d’agriculture), la SODECOTON, les organisations paysannes (GIC des planteurs de coton, etc.), les ONG et projets intervenant dans le développement agricole (PNDP), les OAL. Le financement agricole provient de la SODECOTON.
Tableau VI. Prix moyens des principales cultures dans les marchés
Produit |
Unité |
Prix (FCFA/unité) |
Coton graine Sorgho de saison des pluies Sorgho de saison sèche Maïs Niébé Arachide |
Kg Sac Sac Sac Sac Sac Sac |
245 – 265 12000 – 20 000 15 000 – 21 000 15 000 – 23 000 20 000 – 40 000 20 000 – 75 000 12 000 – 50 000 |
Source : Enquêtes de terrain, mai 2013
A l’exception du prix du coton-graine qui varie en fonction des qualités spécifiées, les prix des autres produits agricoles sont généralement bas à la récolte (période d’abondance) et assez élevés en période de soudure (rareté). Pour les céréales et les légumineuses, ces 2 périodes se situent respectivement en Octobre-Novembre et en Juillet-Août. Pour l’oignon, elles se situent en Mars-Avril et Octobre.
Le prix en période de soudure varie de 1,5 à 2,5 fois celui de la période de récolte, mais il peut dépasser le quadruple du prix de récolte comme pour l’oignon dont le marché couvre toute l’Afrique centrale.
III.2 Élevage
L’élevage est pratiqué comme activité secondaire, mais est très répandu dans les trois lamidats. Les femmes élèvent le petit bétail (poules, moutons, chèvres), tandis que les hommes se concentrent sur l’élevage des bovins. Généralement ces animaux sont utilisés dans l’agriculture (bœuf, ânes). Néanmoins, la femme peut acheter les bovins lorsque ses moyens financiers le lui permettent. Généralement ce sont les femmes et les jeunes qui se chargent de l’entretien de ces animaux (abreuvage, nutrition).
Pendant la saison sèche, les éleveurs pratiquent la transhumance. Le bétail est conduit loin des villages à la recherche des pâturages. Bien que la garde des animaux puisse être faite par les filles ou les garçons, la transhumance est une activité essentiellement masculine.
Un autre problème engendré par cette activité est l’existence des tensions permanentes entre les agriculteurs et les éleveurs. Généralement, les animaux tels que l’âne et le bœuf servent à l’agriculture. Ils sont la propriété de l’homme, mais la femme y a un droit d’usufruit (âne) pour ses cultures.
Les pathologies varient selon les espèces. Chez les bovins et les petits ruminants, les maladies les plus fréquentes sont :
- Les maladies parasitaires du tube digestif (douves, bacilloses, vers fonds, parasites du sang), la trypanosomiase ;
- Les maladies respiratoires (pasteurellose, le charbon symptomatique, la pneumonie atypique et les intoxications alimentaires).
En l’absence d’un centre zootechnique et vétérinaire, c’est la Sodécoton qui s’occupe de l’appui des populations pour la gestion des problèmes liés à l’alimentation et au soin des animaux.
Dans le groupe des volailles, ce sont les maladies de Newcastle, la maladie de gomboro, la bronchite, la coccidiose. Il existe quelques points privés de vente des produits vétérinaires (marchés de Bidzar, Biou) qui fournissent des médicaments et offrent des services. Du fait des nombreux conflits (éleveurs - Agriculteurs) inhérents à la divagation, Les bêtes sont laissées en divagation sous la protection des bergers. L’élevage bovin, caprin et ovin est la plus pratiquée. Les activités d’élevage sont contrôlées par le délégué d’arrondissement de l’élevage, de pêche et d’industries animales basé à Figuil. Le centre zootechnique et vétérinaire ne dispose pas d’infrastructures adéquates.
L’élevage bovin est la spéculation dominante et est essentiellement extensif. La pratique de la transhumance est aussi observée. Dans le domaine de l’élevage, nous assistons à la diminution de pâturages, l’abondance de conflits agropastoraux. L’élevage des porcs avait été interdit à cause de la peste porcine, mais reprend timidement depuis 2011.
L’élevage du bétail reste le domaine des particuliers nantis. Son effectif est en hausse à cause de la présence des transhumants dans le milieu. Chaque famille se force pour élever un petit ruminant pour faire face aux difficultés de la vie tel que la maladie ou les études. Les ânes et chevaux sont élevés pour la traction animale devenant ainsi un moyen de transport par excellence dans le milieu.
Tableau VII. Prix des animaux dans les marchés
Produit |
Prix (FCFA/tête) |
Bovin Petits Ruminants Volaille Porc Ane Cheval |
200 000 – 350 000 15 000 – 40 000 2 000 – 3 000 30 000 – 50 000 50 000 – 70 000 100 000 – 120 000 |
Source : Enquêtes de terrain, mai 2013
Les prix les plus élevés s’observent pendant les périodes de fête (Tabaski, Noël, St Sylvestre, …) où la demande est très élevée. La variation des prix est très importante pour les bœufs et les petits ruminants du fait de la forte demande venant du Sud-Cameroun et du Nigeria, et des exigences de la Tabaski pour les fidèles musulmans.
III.3 Sylviculture et chasse
Les activités liées à la sylviculture connaissent un essor assez important. On une existence de 05 pépinières communautaires et 03 pépinières privées. Les espèces plantées par les communautés sont entre autres l’Eucalyptus, Neem, Acacia. Ces arbres fournissent du bois de chauffe, du bois d’œuvre et de service et offre également d’ombrage. L’arboriculture fruitière connait aussi une forte emprise dans les activités sylvicoles. Les cultures fruitières sont centrées sur le manguier, goyavier, citronnier, andosonia (Bocko).
La chasse est pratiquée pendant toute l’année. Le piégeage est le mode le plus usité par les populations. Seuls les braconniers qui sévissent dans la région possèdent des fusils. Les types de piège identifiés sont le piège à assommoir, le piège à patte, le piège à collet oiseaux et le piège à collet.
En ce qui concerne la pêche, la population est approvisionnée en poissons par les commerçants venant de Badadji, Léré ou Maga.
III.4 Exploitation forestière
L’exploitation forestière se limite à la coupe des arbustives pour les besoins de bois de chauffe, bois d’œuvre (fabrication des manches de houe, le pilon, mortier..) et de service (charpente des toits). L’exploitation forestière a atteint un niveau irréversible et a contribué à la modification des écosystèmes et la raréfaction des formations végétales. Cette situation est exacerbée par l’installation de nouveaux migrants notamment sur la route goudronnée Bidzar-Guider où les défrichements à blanc sont observés (photo 4).
Cliché : Kossoumna Liba’a, juin 2013
Photo 1. Défrichement de parcelles par les nouveaux migrants
Les nouveaux migrants s’installent sur des terres laissées en friche où ils coupent du bois pour la vente mais également pour nettoyer la parcelle.
III.5 Collecte des produits forestiers non ligneux
Les produits forestiers non ligneux se limitent à la collecte des fruits, feuilles et racines des espèces telles que les Balanites aegyptiaca, Tamarindus indica qui interviennent dans les régimes alimentaires et médicinales. Les fruits de Zizyphus mauritania sont aussi très appréciés par les communautés. Tous ces PFNL sont des sources importantes des activités génératrices de revenus car ils sont très sollicités sur les marchés locaux et urbains.
III.6 Artisanat
L’activité artisanale est assez développée au sein des communautés avec la fabrication des canaries, calebasse, des paniers, des tamtams, des tambours, des mortiers et le matériel agricole artisanal (les manches des houes, des machettes…) grâce à quelques forgerons. A cela, s’ajoute le tissage des nattes et autres tenues traditionnelles (tissus et habits) confectionnés par des tisserands en voie de disparition.
III.7 Petit Commerce
L’activité commerciale est peu développée dans les trois cantons. Les produits de premières nécessités (sucre, sel, savons) et d’équipement sont vendus sur les marchés de hebdomadaires ou du soir dans la plupart des gros villages. Les marchés ne sont pas aménages et les populations utilisent des hangars couverts de paille (photo 5).
Cliché : Kossoumna Liba’a, juin 2013
Photo 2. Marché de Golomo Biou
Quelques marchés sont assidûment fréquentés par la population locale. Nous avons le marché de Bidzar le mardi ; le marché de Biou Golomo le Samedi ; le marché de Mandakamna le mercredi ; le marché d’Indjodé le dimanche ; le marché de Kaptalam le jeudi ; le marché de Douala Biou le mardi.
Dans le reste de la zone, les activités sont réduites à cause du fait de l’enclavement. Cette activité mériterait d’être réglementée et organisée.
III.8 La transformation des produits agricoles
Il n’existe par des activités industrielles au sens propre du terme. Toutefois, les activités liées à la transformation du mil et maïs en en farine sont considérée à juste titre comme la principale activité de transformation des produits agricoles. A cela s’ajoute, la distillation du bil-bil (vin local) dont l’élément de base est le mil rouge. Il existe également la transformation de l’arachide en huile. Le machinisme est quasi inexistant pour la majeure partie de la population. Quelques privilégiés disposent de groupes électrogènes et des moulins à gasoil.
III.9 Le stockage de plus en plus développé
Il existe des greniers individuels qui servent à la conservation des produits agricoles. Ce sont des infrastructures de forme ovale, construites avec la terre et qui reposent sur de grosses pierres pour éviter les attaques du contenu par les souris, rats et termites ; on y stock généralement les céréales (sorgho, maïs). Alors que le niébé est généralement stocké en gousse sur le hangar.
A côté de ces greniers traditionnels, on observe un nouveau type de greniers, appelé « greniers communautaires » : Ce sont des magasins modernes de stockage des denrées alimentaires qui aident les paysans à mieux conserver leurs produits agricoles pour les reprendre à la période de disette ou les vendre au moment où les prix sont incitatifs. Plusieurs GIC de producteurs et organisations privées (comité diocésain de développement, office céréalier) s’impliquent davantage dans ce type d’activité.
III.10 Atouts, potentialités et contraintes du milieu socio-économique
Le milieu socioéconomique des Lamidats de Bidzar 1, Bidzar 2 et de Biou dispose d’un éventail assez important d’atouts et de potentialités dans divers domaines. Les moyens d’existence concernent le profil des activités qui sont menées dans le village, l’accès et le contrôle des ressources par catégorie socioéconomique.
Les activités génératrices de revenus dans la zone portent sur :
- Le stockage et la vente des céréales et légumineuses (sorgho, arachide, niébé) ;
- L’embouche ovine et bovine dans une moindre mesure ;
- La transformation du sorgho en bière locale ;
- L’extraction d’huile d’arachide ;
- La poterie ;
- Le transport par « mototaxi » ;
- Le petit commerce (restaurant, boutique, détaillants ambulants de produits divers, carburant, Call Box….) ;
- Les petits métiers (vente de viande grillée, couture, coiffure, manœuvre, saisonniers…).
Des contraintes et difficultés ne favorisent pas totalement l’optimisation et valorisation des potentialités socio-économiques en faveur de la population.
Le tableau IX présente les atouts et contraintes du milieu socioéconomique de la zone.
Tableau VIII. Atouts et contraintes du milieu socioéconomique de la zone
Domaine |
Atouts /Potentialités |
Contraintes/Difficultés |
Agriculture |
|
|
Elevage |
|
|
Ressources humaines |
|
|
Ressources naturelles |
|
|
Services sociaux de base |
|
|
Activités économiques |
|
|
Culture |
La pratique de certains rites et danses traditionnels favorise la sauvegarde des richesses ancestrales |
|
Source : Enquêtes de terrain, juin 2013
Pour réduire ces problèmes et contraintes, et dynamiser l’économie locale, il est impératif d’entreprendre un certain nombre d’actions parmi lesquelles :
- L’élaboration et la mise en œuvre d’un plan d’entretien des principaux axes routiers ;
- L’électrification rurale ;
- La négociation des partenariats pour les appuis étrangers ;
- La création d’un point de vente des intrants et matériels agricoles (semences, engrais…) ;
- L’aménagement et l’organisation des activités dans le marché des vivres, du bétail et des produits manufacturés et industriels ;
- La budgétisation annuelle et le paiement de quelques enseignants vacataires et infirmiers, la construction de quelques salles de classe et la fourniture des matériels et équipements de santé.
III.11 Flux d’échanges entre les différents sous-secteurs économiques
Les principaux flux entre les sous-secteurs présentés ci-dessus (Figure 3) concernent :
- L’utilisation des résidus de récolte (fanes de niébé, tiges de sorgho) pour la nutrition des animaux en saison sèche ;
- La nutrition des bovins et petits ruminants à partir des pâturages et du fourrage aérien provenant des forêts et brousses existantes ;
- La vente d’une partie de la production de sorgho pour la fabrication de la bière locale ;
- La transformation artisanale de quelques produits agricoles (niébé, maïs, arachide, sorgho, riz, ..) et d’élevage (lait, viande) pour l’alimentation de rue ;
- La vente du sorgho, niébé et des animaux (bœufs, moutons, chèvres, poulets) aux commerçants venant de Maroua, Garoua, Figuil, Guider ;
- La vente des produits manufacturés, alimentaires et industriels provenant en majorité de Guider, Garoua et Maroua.
Malgré les flux d’échanges entre les sous-secteurs d’activité présents dans les différents villages, il manque pour le moment une cohésion formelle pouvant générer une synergie productive. Il s’impose un appui institutionnel pour une meilleure intégration du système productif et économique afin de mieux générer des revenus pour les populations locales.
IV. Infrastructures sociocommunautaires
Les infrastructures sociocommunautaires sont constituées des écoles primaires et secondaires ainsi que les centres de santé intégrés et propharmacie, des puits et forages.
IV.1 Education de base et enseignement secondaire
Les lamidats de Bidzar 1, Bidzar 2 et Biou dispose de plusieurs écoles primaires, mais aux infrastructures souvent en piteux état (Planche 2) et il manque comme partout ailleurs d’enseignants en nombre suffisant et qualifiés.
Ecole des parents de Douala Bidzar Ecole publique de Mandakamna
Clichés : Kossoumna Liba’a, juin 2013
Planche 1. Des écoles en piteux état
Le tableau X présente les caractéristiques des écoles primaires rencontrées dans les trois lamidats.
Tableau IX. Caractéristiques des écoles primaires
Ecole |
Qualité des matériaux |
Nombre de salle de classe |
Qualité des équipements dans les salles |
Ecole publique d’Indjodé |
Dur |
6 |
Tables bancs disponibles mais en nombre insuffisant |
Ecole publique de Wayéba |
Dur et semi dur |
3 |
Absence totale de tables bancs |
Ecole publique de Mandakamna |
Dur |
5 |
Tables bancs disponibles mais en nombre insuffisant |
Ecole publique de Douala Biou |
Semi dur financée par la population |
2 |
Tables bancs disponibles mais en nombre insuffisant |
Ecole publique de Golomo Biou |
Dur et semi dur |
6 |
Tables bancs disponibles mais en nombre insuffisant |
Ecole des parents de Dictingay |
Hangar en paille |
2 |
Tables bancs fait de tronc d’arbres |
Ecole publique de Djabé Biou |
Dur |
6 |
Tables bancs disponibles mais en nombre insuffisant |
Ecole Publique de Mokoté |
Hangar en paille |
3 |
Tables bancs fait de tronc d’arbres |
Ecole publique de Kaptalam |
Semi dur |
1 |
Tables bancs fait de tronc d’arbres |
Ecole publique de Biou centre |
Dur |
6 |
Tables bancs disponibles mais en nombre insuffisant |
Ecole maternelle bilingue de Biou |
Salle d’emprunt en dur |
1 |
Tables bancs disponibles mais en nombre insuffisant |
Ecole Maternelle de Bidzar |
Dur |
1 |
Tables bancs disponibles mais en nombre insuffisant |
Ecole publique de Bidzar |
Dur |
6 |
Tables bancs disponibles mais en nombre insuffisant |
Ecole des parents de Douala Bidzar |
Hangar en paille |
2 |
Tables bancs fait de tronc d’arbres |
Lycée technique de Bidzar depuis 2013 |
Dur |
5 |
Tables bancs disponibles mais en nombre insuffisant |
CES de Bidzar |
Dur et hangar en paille |
4 |
Tables bancs disponibles mais en nombre insuffisant |
Lycée de Biou depuis 2013 |
Dur |
6 |
Tables bancs disponibles mais en nombre insuffisant |
Source : Enquêtes de terrain, juin 2013
En plus de l’insuffisance d’infrastructures et d’équipements dans les salles de classe, les problèmes récurrents sont liés à la faible sensibilisation des populations sur la scolarisation de la jeune fille, le faible taux de couverture des enseignements, le taux de la déscolarisation élevé et l’offre approximative de la qualité des enseignements. Se pose également le problème de logement pour les enseignants nouvellement affectés, d’où leur propension à mettre toutes les voiles dehors pour être affectés ailleurs. La carte 5 présente la répartition des établissements primaires et secondaires
Carte 5. Répartition des établissements primaires et secondaires
Il convient de le réitérer que les jeunes enfants en âge scolarisable ne vont pas à l’école au profit du petit commerce. Cette pratique est d’ailleurs plus encouragée par les parents qui attendent un peu d’argent au retour de leur enfant le jour du marché. De plus, le manque des salles de classe, des tables bancs et des enseignants favorisent aussi cette déperdition scolaire. Les enseignants vacataires recrutés pour combler le déficit d’enseignants, sont pour la plupart des personnes de très bas niveau. La carte 6 présente la répartition des établissements primaires et secondaires.
Par ailleurs, les difficultés liées à l’accès aux enseignements supérieurs se posent avec beaucoup plus d’acuité dans les lamidats. En effet, beaucoup des jeunes de Bidzar 1, Bidzar 2 et Biou sont titulaires des diplômes de baccalauréat passé dans les lycées de Figuil et de Guider qui ouvrent la porte aux études supérieures. Mais, à cause des coûts élevés, du soutien moral et de l’éloignement des autres centres de formation de l’enseignement supérieur, ces jeunes gens sont au chômage et s’auto- emploient dans les petits métiers tels que la coiffure, le transport par mototaxi et le call box.
IV.2 Santé publique
La couverture sanitaire dans les lamidats de Bidzar 1, Bidzar 2 et Biou reste très faible. On rencontre un centre de santé intégré et une propharmacie à Bidzar 1 et un centre de santé intégré à Biou. Dans les différents centres de santé intégrée, le nombre de personnel soignant est insuffisant. Il en est de même pour les matériels de travail. La propharmacie est presque vide. La carte 6 présente la répartition des infrastructures sanitaires dans les lamidats.
Carte 6. Répartition des centres de santé dans les trois cantons
Ces centres de santé souffrent d’un déficit criard en nombre de personnel soignant surtout du côté de la sage-femme. A cause de l’absence des infirmières accoucheuses, les accouchements se font à domicile et les bâtiments abritant des centres sont en nombre insuffisant et sont même dégradés, l’absence du forage et le faible ravitaillement en produits pharmaceutique continue à pousser les communautés à l’automédication.
IV.3 Eau et énergie
D’une manière générale, les lamidats sont faiblement pourvus en points d’eau potable. On dénombre une dizaine de forages dont nombreux sont en panne et étendent d’être réhabilités. Ces forages qui connaissent quelque fois une baisse de la nappe phréatique. S’ajoutent à ces forages des puits à ciel ouverts qui fournissent saisonnièrement de l’eau à la communauté. La carte 7 présente les points d’eau dans les trois lamidats.
Carte 7. Situation des infrastructures hydrauliques
Ces puits sont mal aménagés, insalubre et constituent des nids permanents de moustiques (planche 3).
Puits à ciel ouverts à Indjodé Puits à ciel ouverts à Mandakamna
Clichés : Kossoumna Liba’a, juin 2013
Planche 2. Insalubrité autour des puits
La planche 3 montre sur la photo de gauche un puits à ciel ouvert où stagne en permanence de l’eau sale pouvant être un gîte permanent de moustique. Sur la photo de droite, le puits est tout aussi mal entretenu avec une insécurité pour les enfants de bas âge qui viennent y chercher de l’eau.
Par ailleurs, de nombreux puits et forages sont non fonctionnels. Pour combler les déficits et les pénibilités liées à l’eau, les populations consomment l’eau impropre des Mayos et des sources non aménagées.
En ce qui concerne l’énergie, les populations par manque d’électricité s’éclairent à la lampe tempête, aux torches à piles ou rechargeables que les chinois ont actuellement mis sur le marché. Ce manque d’électricité freine de développement de plusieurs activités rentables (bars, auberges, commerce de produits périssables comme le poisson…).
IV.4 Les lieux de culte
Les populations pratiquent par ordre d’importance la religion catholique, musulmane protestante et animiste. La plupart des fidèles exercent leur foi dans des abris de fortune (planche 4) ou carrément sous des hangars et des arbres.
Eglise catholique de Biou Eglise protestante de Mandakamna
Clichés : Kossoumna Liba’a, juin 2013
Planche 3. Lieux de culte
Par ailleurs, les fidèles sont obligés de s’asseoir sur des troncs d’arbre ou des briques de terre. La carte 8 présente la répartition des lieux de culte selon leur obédience et la qualité de leurs infrastructures.
Carte 8. Répartition des lieux de culte selon la qualité de leur infrastructure
Il est important de relever qu’entre les trois religions, une cohabitation saine existe entre les différentes confessions religieuses.
IV.5 Axes routiers et transport
En dehors de l’axe routier principal (la nationale N°1 allant de Maroua à Garoua qui traverse Bidzar), le transport est un secteur qui subit les affres des intempéries des saisons des pluies. L’ensemble du réseau routier des trois lamidats est fait de voies saisonnièrement praticables et surtout sont des pistes essentiellement à la marche à pieds. La quasi-totalité de ces routes sont inaccessibles en saison de pluies (carte 9).
Carte 9. Situation du réseau routier dans les lamidats
Par ailleurs, les ponts sont presque inexistants sur les cours d’eau et la traversée est assurée par les transports au dos des riverains. Cette situation rend difficile l’accès dans certaines communautés. En plus des contraintes fortes complexes, le phénomène des coupeurs de route et des agressions à mains armées connaissent quelquefois de résurgence.
Les Lamidats sont desservies par des routes pour la plupart non bitumée qui prend son embranchement à partir de l’axe routier Garoua – Maroua. Ce réseau routier est composé des axes suivants :
Axe Bidzar – Guider (goudronné mais non entretenu) ;
Axe Bidzar – Biou (non entretenu) ;
Axe Bidzar – Indjodé (non entretenu) ;
Axe Biou – Djabé Biou (non entretenu) ;
Axe Biou – Mandakamna (non entretenu) ;
Axe Bidzar – Guérémé (non entretenu).
Les moyens de locomotion sont généralement les motos, les bicyclettes ou tout simplement la marche à pieds. Les véhicules ne passent que sur les axes principaux (Garoua-Maroua et Bidzar-Guider). Il faut par ailleurs relever qu’il n’existe pas d’agence de voyage dans les trois lamidats. Les cars viennent transporter les voyageurs pour les amener dans les marchés de Guider et de Figuil.
V. Acteurs de développement et leurs interrelations
Les producteurs sont organisés en GIC. Ces organisations pour la plupart sont très inactives dans les communautés et villages. Leurs domaines d’interventions sont axés sur l’entraide, les activités agricoles et d’élevage. Il existe aussi de nombreux regroupements de personnes, sans existence légale et quelques comités de développement villageois.
Les activités associatives et communautaires sont beaucoup plus axées vers le domaine agricole, notamment la vente et la production du coton. On retrouve dans les activités communautaires les femmes, les hommes, de même que les jeunes. Les deux derniers sont surtout présents la construction des cases qui leur prend environ quatre heures par jour, en période d’activité réduite. En plus les adultes hommes prennent part au conseil familial, et aux palabres. De leur côté, les femmes prennent part aux manifestations traditionnelles et celles des petites associations qu’elles créent entre elles. On retrouve dans la communauté plusieurs types de regroupements de personnes tels que les GIC, l’APE, et le CLLS. Le tableau XI présente les organismes qui interviennent dans les lamidats.
Tableau X. Caractéristiques des institutions présentes dans les lamidats
Institutions |
But |
Activités |
Lamidats Bidzar 1, Bidzar 2 et Biou |
Représenter l’administration et maintenir l’ordre dans le village |
- Règlent les conflits entre les populations. - Collectent les impôts. - Jouent le rôle de médiateur entre l’administration et la population. |
Poste de police |
Maintenir de l’ordre et la sécurité publique |
- Règle les conflits entre les individus. - Etablis les cartes d’identités. - Interpelles les malfaiteurs… |
Poste de Douane |
Contrôler la circulation des marchandises de manière légale |
Lutte contre la vente des produits illicites |
Etablissements primaires et maternelles |
Instruction et éducation |
- Enseigne l’instruction et l’éducation aux enfants. - Apprend les métiers en activités pratiques. - Développent la capacité physique, mentale de l’enfant. |
Associations des parents d’élèves |
Soutien l’école dans l’éducation et l’instruction |
- Paie les maîtres des parents. - Achète à l’école des craies, des stylos à bille, registre d’appel… - Construction et réfection des salles des classes et tables bancs. |
Groupements d’intérêt commun |
Promotion du développement de la localité. |
- Organise les populations dans la recherche de bien-être et dans la lutte contre la pauvreté. |
Eglise |
Spiritualité, appui au développement |
Appui à l’organisation des femmes et des jeunes en association |
SODECOTON |
Promotion et commercialisation de culture de coton. |
- Fournie à la population les intrants agricoles. - Encadre les planteurs du coton. |
Programme National de Développement Participatif (PNDP) |
Appui au développement des communautés et commune |
-Appui à l’élaboration du plan local de développement -Allocation et appuis financiers divers |
Programme d’Amélioration du Revenu Familial Rural (PARFAR) |
-Appui au financement des campagnes agricoles -Acquisition des infrastructures communautaires |
Construction magasins dans les villages |
Programme National de Vulgarisation et de Recherche Agricole (PNVRA) |
Appui à la technologie agricole |
Mise à la disposition des agriculteurs et des producteurs des agents vulgarisateurs de zone (AVZ) |
Programme d’Appui à la Compétitivité Agricole (PACA) |
Appui à la compétitivité agricole |
Appui financier et encadrement des populations en techniques agricoles |
Centre de santé intégrée |
Promotion de la santé de la population. |
- Soigne les malades, l’éduque sur l’espacement des naissances. - Fourni les produits pharmaceutiques à la population. |
Comité locaux de lutte contre le Sida |
Lutte contre la propagation du SIDA |
- Sensibilise sur le VIH/SIDA, encourage le test de dépistage volontaire. - Fourni les préservatifs à la population, forme les pairs éducateurs. |
Groupe technique régional de lutte contre le Sida |
Lutte contre la propagation du SIDA. |
- Apprécies la CLLS dans la lutte contre le VIH/SIDA. - Ravitaille le fond de CLLS. - aides les personnes infectées et affectées par le SIDA. |
Projet ESA géré par la Sodécoton |
Lutte contre la dégradation du sol. |
- Encourage dans la mise sur pied des cordons peineux - Fourni les plans à la population. - Construit les biefs et digues. |
Comités de développement de Bidzar, Biou, Djabé Biou, Indjodé |
Promotion du développement de la localité |
- Paie les maîtres des parents. - Fourni aux écoles les matériels scolaires. - Construit et réfectionne les salles des classes dans les écoles et Lycées. - Construit les bâtiments au CSI. |
Lycée technique de Bidzar |
Eduquer, instruire, apprentissage |
- Donne l’éducation et l’instruction aux enfants. - Apprend les différents métiers aux enfants. |
Lycée de Biou et CES de Bidzar |
Eduquer, instruire, apprentissage |
- Donne l’éducation et l’instruction aux enfants. - Apprend les différents métiers aux enfants. |
Source : Enquêtes de terrain, juin 2013
Quelques projets et programmes ont également contribué à certaines réalisations dans divers secteurs.