Elaboré en 2013, le Plan Communal de Développement de Kaï Kaï n’identifiait pas la pression foncière comme un problème qui mine la commune .
Bien que l’étude n’ait pas la prétention de présenter des résultats susceptibles d’être élargis à l’ensemble de l’arrondissement, force est de noter que la question foncière dans les villages Djafga et Doreissou est au cœur d’un certain nombre d’enjeux dans un contexte marqué par une conquête permanente des espaces et une insécurité foncière grandissante. La multiplicité des acteurs sur d’aussi petits périmètres et la compétition qui s’en suit ne sont pas de nature à garantir la paix sociale. Conflits entre agriculteurs, conflits agropastoraux et conflits Etat-communautés sont des formes d’adversité qui meublent le quotidien dans les villages Djafga et Doreissou, avec pour dénominateur commun la terre. Cette conflictualité, qu’elle soit latente ou manifeste, n’est pas sans conséquences sur le paysage socio-économique et écologique de la zone. Autrement-dit, elle compromet les principes du développement durable structurés autour de la triple bottom line car autant elle entretient les iniquités sociales, autant elle fait le lit à un désastre écologique ainsi qu’à des pertes économiques pour les communautés. Pour y faire face et surtout essayer de reconstituer le tissu social (socle de l’épanouissement économique et de la protection de l’environnement), les communautés de Djafga et Doreissou ont généralement recours, après tentative de résolution amiable, au « juge » coutumier. Ce dernier, plus proche d’elles et plus au fait de leurs us et coutumes, leur offre le plus de garanties d’efficience dans la gestion des conflits. Les mécanismes modernes apparaissent dès lors comme des pis-aller qui, bien qu’offrant plus de garantie de respect des décisions rendues, laissent planer le doute sur la sincérité des acteurs dans un contexte de corruption, d’inaccessibilité des coûts et de lourdeurs procédurales.
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